Encadrer les loyers, limiter leur hausse dans les zones de tension locative était l'une des promesses de la campagne présidentielle de François Hollande. Fraichement élu président de la République, son gouvernement s'exécute... un décret à paraître en juillet prochain et applicable dès la rentrée de septembre devrait bloquer le prix des loyers lors d'une relocation (hors évolution en fonction de l'indice de référence des loyers). Une mesure d'urgence avant une véritable loi d'encadrement des loyers promise en 2013 !

Limiter la hausse en cas de relocation

La Ministre entend s'appuyer sur la loi existante pour parvenir à ses fins. En effet, l'article 18 de la loi du 6 juillet 1989 régissant les locations de logements non meublés prévoit que"dans la zone géographique où le niveau et l'évolution des loyers (...) révèlent une situation anormale du marché (...), un décret en Conseil d'Etat (...) peut fixer le montant maximum d'évolution des loyers des logements vacants (...) et des contrats renouvelés (...)".

Depuis 1993, ces dispositions étaient appliquées dans certaines zones du territoire, mais uniquement en cas de renouvellement d'un bail à son terme avec le même locataire, pas en cas de relocation à un nouveau locataire. Ainsi, en région parisienne, un décret fixe chaque année les conditions requises pour que le loyer d'un bail renouvelé avec le même locataire soit revalorisé dans des proportions supérieures à l’évolution de l'indice servant à son indexation annuelle, ainsi que la période sur laquelle l'augmentation décidée doit s'étaler.

Le projet de décret entend donc étendre cette réglementation au loyer demandé à un nouveau locataire, après que celui en place ait quitté le logement. Autrement dit, faire application de l'article 18 de la loi de 1989 aux logements vacants. Le texte limiterait la hausse entre deux locataires à la seule évolution de l'indice de référence des loyers (soir 2,24 % en 2011). Mais la mesure ne serait que provisoire, la loi fixant la durée de la limitation de loyer à un an seulement, renouvelable. Le temps pour les pouvoirs publics de voter une loi modifiant plus durablement les règles touchant à la fixation des loyers des logements du parc locatif privé !

Un encadrement limité aux zones tendues

La possibilité de fixer librement le loyer réclamé à un nouveau locataire est devenue l'un des facteurs de la hausse, notamment dans les grandes agglomérations où les locataires changent d'appartement tous les trois ou quatre ans en moyenne. Aussi, le décret pourrait ne concerner que les zones du territoire où l'évolution des loyers est supérieure à celle des revenus des ménages. En clair, essentiellement l'Ile-de-France, la région PACA, certaines zones littorale et les agglomérations de plus de 250 000 habitants !

Par ailleurs, le projet ne prévoit pas d'appliquer l'encadrement des loyers en cas de première location d'un logement neuf, ni au loyer réclamé en cas de remise en location d'un logement ayant fait l'objet de gros travaux. Or, 30 % des relocations interviennent après de tels travaux !